Connaissez-vous le livre de Garcìa Marquez ? Chronique d'une mort annoncée ?
Crònica de una muerte anunciada. Dans ce livre -que je n'ai pas vraiment apprécié à l'époque où je l'ai lu- on retrace les heures qui précèdent le meutre du personnage principal. On sait dès le début qu'il va mourir, et sa mort n'est pas ce qui interesse d'ailleurs. C'est comme un épisode de Columbo si vous voulez, on connait le tueur, la fin (Columbo va réussir à le faire accuser), l'interêt n'est pas dans la finalité ni le suspens mais dans les éléments moteurs, le déroulement.
Bon il faut dire aussi que Colombo il est fort, parce qu'il sait toujours... Non mais sans rire, c'est incroyable, sur presque 69 épisodes, il arrive à chaque coup à savoir qui à tué et comment ! Trop fort ce Colombo.
Ceci étant dit, Colombo n'est ABSOLUMENT pas le sujet de cet article. "Le lien avec Garcìa Marquez ?" vous me direz... Eh bien voilà: cette après midi, j'ai cru revivre, cette histoire, transposée évidemment, mais pourtant tout à fait semblable... J'étais au pied du mur, sachant que de toutes les manières, son destin était la mort, quoi qu'il advienne. Seulement, le problème n'était pas tant d'arriver à tolérer cette vision de fatalité mais bel et bien de supporter la lourde tâche qui m'était imparti. Celle d'être le meurtrier...
"Il est là depuis plus longtemps que moi cet arbre, Maman". Sadin, comme je l'ai surnommé cette après midi juste avant son exécution, était arrivé à la fin de son cycle, juste avant l'été, juste avant de pouvoir sentir sur ses épines, la douce chaleur des mois estivaux, il lui fallait mourir. Je tenais la hache dans mes mains, prête à l'emploi. Tel un bourreau devant le condamné à mort. Tel un homme prêt à commettre l'irréparable. Il fallait le faire, mais je ne pouvais m'y résoudre... Puis une voix résonna dans ma tête: "Si tu ne le fais pas, ce sera quelqu'un d'autre qui le fera, et avec beaucoup moins de respect et de précaution que toi...".
Alors je me suis décidé, et j'ai frappé. Doucement, d'abord, sur les branches les plus frêles. Et puis, il a fallu s'attaquer aux branches qui résistaient. Le bois se scindait, le sève coulait, la chair de l'arbre semblait saigner, rougeâtre. Je montais, de plus en plus haut, je frappais. Le bruit des coups portés résonnait dans la rue, tel le signal annonçant que le rituel était lancé. Les passants me regardait, discrètement, puis de plus en plus ouvertement. Je frappais, et je frappais encore. Cela devenait machinal, mécanique. Mes coups étaient de plus en rapprochés et de plus en plus puissant. Je prenais du plaisir, mes yeux s'écarquillèrent, mes muscles se raidirent, ma bouche se tordit, et je frappais, jusqu'à la délivrance.
Et le dernier coup, je lui tranchai la tête. C'était fini. J'avais autant de sang que de sève sur mes mains. J'étais un meurtrier, comme un autre après tout... Un Homme parmis les autres, un destructeur. J'ai aimé ça, j'ai honte.
L'arbre va tomber - Francis Cabrel
L'arbre va tomber
Les branches salissaient les murs
Rien ne doit rester
Le monsieur veut garer sa voiture
Nous, on l'avait griffé
Juste pour mettre des flèches et des cœurs
Mais l'arbre va tomber
Le monde regarde ailleurs
L'arbre va tomber
Ça fera de la place au carrefour
L'homme est décidé
Et l'homme est le plus fort, toujours
C'est pas compliqué
Ça va pas lui prendre longtemps
Tout faire dégringoler
L'arbre avec les oiseaux dedans
L'arbre va tomber
On se le partage déjà
Y a rien à regretter
C'était juste un morceau de bois
Un bout de forêt
Avancé trop près des maisons
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Adieu Sadin... (ou comment faire, finalement, quelque chose de pas grand chose)